Journal berlinois

Vendredi 26 juin 2009

 

Michæl Jackson est bien mort. Il éclipse le décès de Farah Fawcett. Il serait intéressant d'écrire un essai sur les trajectoires comparées d'Elvis Presley et de Michæl Jackson, demi-dieux acculés par leur jeunesse mythique à la solitude, dans un corps hypertrophié ou derrière un visage mutant. Que pleurent les fans de Jackson ? L'icône encore noire, aux pieds agiles, du milieu des années 80 ? Celle-ci était déjà morte depuis longtemps. Ou bien le quinquagénaire fou et défiguré ? Ces deux images se reflètent en miroir à la Dorian Gray. Ne retenir que la première, c'est ne rien retenir d'un drame qui n'est pas qu'une crise cardiaque. C'est le drame de l'éternelle jeunesse et du changement de corps à volonté. On y viendra un jour, sûrement. En attendant, on bricole avec les moyens du bord, pionniers d'un mythe à venir, mutants volontaires.

 

 

Katrin m'emmène sur Teufel Berg, la colline de Berlin-Ouest. Terre de remblai, c'est un amoncellement des gravats de la ville au sortir de la guerre. Les Américains y avaient disposé un centre d'observation sur son point culminant. On le voit encore, bâtiments à l'abandon, inutile. Hier truffé de micros et de caméras, aujourd'hui coquille vide. Le temps est couvert, impossible de distinguer la Fernsee Turm. Nous descendons au bord de Teufel See, petit lac où se baignent deux adolescents courageux dans l'eau encore très fraîche pour la saison.

 

 

Nous allons ensuite au café Bilder Buch sur Akazienstrasse, un salon de thé et de lecture avec une arrière-salle et une arrière-cour, insoupçonnable et tout à fait charmante. Je tente de me suicider en ingurgitant une énorme part de gâteau au chocolat, mais je n'arrive pas à mes fins.
Carine Delplanque m'appelle. Elle improvise un dîner chez elle pour des amis qui s'installent à Berlin et me demande si je veux me joindre à eux. J'accepte volontiers.