Coups de cœur


COUPS DE COEUR


Coups de coeur

RENTRÉE 2024
LE ROI DE LA JUNGLE
Editions Black White
Le dernier album de BD sur lequel travaillait Hubert Mounier était un hommage érudit à Tarzan, son héros favori. Malgré des avanies éditoriales qui le mettaient hors de lui, le projet avançait bon train et touchait à sa fin lorsque son coeur a lâché. Hubert a quitté ce monde, laissant un livre quasiment fini. Il aura fallu la pugnacité de Gaëlle Mounier, sa compagne, pour qu'il paraisse enfin. Son inachèvement, à quelques cases de l'arrivée, donne à la BD une aura troublante. C'est comme si elle s'entrebâillait sur un infini d'où Hubert pourrait revenir donner les derniers coups de plumes. Parce qu'à la lecture du livre, tout comme à l'écoute de ses dernières chansons, on se rend bien compte que son talent avait encore de belles années devant lui.

NAPOLÉON vu par Abel Gance
Tout a été dit et redit sur ce film majestueux. Une épopée lyrique ! Un chef d'oeuvre ! Il rafle tous les superlatifs et c'est mérité. Il faut le voir pour son invention, ses audaces expérimentales, sa folie, mais aussi pour ses scènes de foule et de rue si réalistes que l'on croit regarder un documentaire tourné durant la Révolution.

I'M NOT ANYONE - Marc Almond
BMG
Marc Almond est un interprète hors du commun, à la voix habitée, qui se frotte à tous les genres en restant toujours lui-même. En France sa renommée est plus que confidentielle. Tout le monde connait « Tainted Love » de Soft Cell sans nécessairement savoir que c'est lui qui chante et c'est tout. Sa discographie est conséquente, c'est une aventure au long cours qu'il poursuit sans plan de carrière, à l'instinct. Ce dernier album est un disque de reprises tellement pointues que l'on croirait des nouvelles chansons. Prenez-les comme telles.

NIGHT WATCH - King Crimson
DGM
Cet album ou n'importe quel autre live de cette période entre 1969 et 1974 fait l'affaire. King Crimson a connu plusieurs vies au gré des humeurs de Robert Fripp, le seul membre d'origine du début à la fin (1967-2021). Je n'adhère pas à toutes, mais je ne désespère pas. Les disques ne sont pas faciles à écouter.
J'ai été en phase avec la première période dans ma pré-adolescence. Puis j'ai décroché parce que le futur punk qui bouillait en moi a jugé leur évolution trop cérébrale. Je n'étais pas le seul. Robert Fripp le constatera et souffrira de voir une page musicale se tourner qui va reléguer son groupe au rayon des ringards. Le cruel balancier des modes.
Je découvre les live des années 69-74 (des bootlegs pour la plupart) depuis peu et je suis de nouveau en phase ; par nostalgie en partie, mais aussi parce que je saisis mieux aujourd'hui la fuite en avant de Robert Fripp et ses acolytes. Cérébraux sans doute l'étaient-ils, mais avec entrain et exaltation. Ils improvisent constamment avec brio. Et ça rigole en plus ! Qu'en avaient-ils affaire de la mode quand ils volaient si haut !